Après l’agitation constatée dans le chef de quelques personnalités citées dans l’affaire des cartes Visa, au lendemain de la dénonciation faite par le patron du magazine «Bosolo na politik», l’opinion est maintenant fixée sur le dossier. Plus de doute possible : une véritable maffia d’État était mise en place pour saigner continuellement les finances publiques, et condamner par-là le pays à avoir un budget de misère qui ne pouvait permettre l’exécution d’un quelconque programme de développement.
C’est à la faveur de la lettre du gouverneur de la Banque Centrale du Congo (BCC), Deogratias Mutombo Mwana Nyembo, adressée au ministre des Finances, en réponse à la correspondance lui adressée antérieurement par ce dernier, que la lumière sur cette ténébreuse affaire a pu éclater.
Dans cette correspondance, datée du 11 juin 2021 et réceptionnée par le destinataire ainsi que la hiérarchie saisie en ampliation, à savoir le Président de la République et le Premier ministre, le 15 du même mois en cours, ayant pour objet : «Émission et utilisation des cartes bancaires en faveur de certains membres du Gouvernement et Hauts fonctionnaires de la République pour raison de service», le numéro un de l’Institut d’Émission de l’Etat Congolais confirme bel et bien l’existence de cette maffia vampirique qui ne faisait que sucer les recettes placées dans le compte général du Trésor public.
Car, non seulement le gouverneur Deogratias Mutombo reconnaît officiellement l’existence des cartes visa remises à quelques personnalités, mais il a également adjoint à sa lettre la liste des bénéficiaires en annexe.
Soudain, ceux qui s’agitaient en brandissant des menaces d’aller en justice dans le seul but de distraire l’opinion, se sont tus.
Des bénéficiaires sans qualité
En dehors du fait que la détention de ces cartes bancaires par des privés directement connectés au compte général du Trésor même si le gouverneur s’évertue à démentir sans convaincre, on remarque que les bénéficiaires ne sont pas tous membres des institutions de la République. Il y en a qui n’ont pas qualité mais curieusement se servaient de l’argent de l’Etat en violation des lois réglementaires, notamment la loi des finances et la loi organique portant organisation et fonctionnement de la Banque Centrale du Congo.
En plus, on trouve sur cette même liste des bénéficiaires des personnalités ayant quitté depuis des années les fonctions qui leur donnaient cet avantage, suivant les explications du gouverneur de la Banque Centrale. On y trouve par exemple, des gens ayant quitté les fonctions qui leur accordaient cette faveur depuis trois ans mais qui continuaient à toujours ponctionner dans le Trésor public.
Tout comme d’autres n’ayant pas de fonctions officielles connues mais bénéficiaires de cette faveur spéciale. Pire encore, on a octroyé des cartes aux anciens ministres après leur sortie du gouvernement !
Des détenteurs de 2 voire 3 cartes !
A part le cas des bénéficiaires sans qualité des fameuses cartes visa, on découvre une autre anomalie sur la liste dressée par le gouverneur de la BCC. C’est le fait que plusieurs personnalités parmi les bénéficiaires se retrouvent avec deux voire trois cartes. Ce qui fait planer le doute chez les analystes en ce qui concerne les montants des recharges que de chacun que la BCC a présentés sur la même liste.
Cette lettre atteste deux choses :
1) L’octroi des fameuses cartes a été fait sur ordre du ministre des Finances. Question: pourquoi Sele s’est-il agité au point de nier son implication dans ce sale dossier ?
2) Le gouverneur de la BCC est gêné par la connexion des cartes du pillage avec le compte du Trésor. Mais dans les deux dernières lignes de sa lettre, il reconnaît les faits dénoncés par l’IGF : «C’est à la réception des avis de débit, suite à leur utilisation, que la BCC répercute au Compte Général du Trésor, le montant ad hoc et ce, à due concurrence».
Tout est clair. Des individus dépensent à volonté et ces dépenses sont mises sur le compte du Trésor.
Dom/Le Phare/Notabilitecd