Ce qu’on peut noter, c’est qu’après le discours d’orientation du Président de la Commission Nationale des Droits de l’Homme (CNDH), son Excellence M. Mwamba Mushikonke Mwamus, s’en est suivi l’exposé introductif des travaux de cet atelier a été fait par l’orateur du jour M. Bienvenu Karhakubwa Nam’ebigaba, Président du Centre Africain de Paix et Gouvernance (CAPG) et Secrétaire Exécutif National du Groupe de Travail sur la Justice Transitionnelle en RDC (GTJT), sous le thème : « Paix, réconciliation et justice transitionnelle en RDC : sens, piliers, obstacles et perspectives ». Cet exposé s’est élargi sur trois point à savoir : (1) la Justice transitionnelle : définition, objectifs, piliers et quelques pays exemples ; (2) la réconciliation : sens et obstacles ; (3) la paix : sens et piliers pour RDC.
En effet, « la Justice Transitionnelle est un ensemble de mécanismes judiciaires et non judiciaires permettant d’apporter réponses aux abus des droits humains et du Droit international humanitaire dans la société qui sortent d’un conflit armé ou d’une dictature sanguinaire », a noté l’orateur tout en soulignant que la justice transitionnelle, au travers de ses mécanismes non judicaires, puise sa philosophie dans celle de la palabre africaine au sein de laquelle la justice est moins punitive que réparatrice, restauratrice de l’harmonie dans la société.
Parlant des objectifs de la justice transitionnelle, il a en donné quatre, à savoir : promouvoir la réconciliation et bâtir une paix durable, établir les responsabilités sur les crimes de masse commis, réparer les préjudices causés (ou Rendre justice aux victimes) et enfin rétablir la confiance entre les individus ou les communautés. Il a également parlé de quatre piliers de la justice transitionnelle, à savoir la vérité, la justice, la réparation et la garantie de non-répétition. À ce quatre piliers classiques, il a ajouté le pardon sans lequel la justice transitionnelle ne peut atteindre son objectif principal, à savoir la réconciliation pour la restauration de la paix dans une société post-conflit.
Quatre pays (l’Afrique du Sud, le Rwanda, le Cambodge et l’ex-Yougoslavie) qui ont recouru à la justice transitionnelle ont servi d’exemples (réussite ou non), tout à notant que chaque pays ayant connu des crimes de masse adapte la justice transitionnelle selon son contexte et ses réalités.
En ce qui concerne les initiatives de mémoires en faveur les victimes des conflits, M. Bienvenu Karhakubwa a certaines actions qui du reste sont prioritaires pour honorer les victimes de la dictature en RDC et des guerres en RDC, a savoir : (1) organiser une ou des journées nationales du souvenir en mémoire des victimes; (2) dédier des monuments commémoratifs aux victimes; (3) ériger des pierres tombales ou construire de nouveaux cimetières; (4) renommer les rues, les bâtiments et les espaces publics; (5) organiser des célébrations qui offrent l’expiation et favorisent la réconciliation; (6) marquer et honorer les fosses communes; (7) réaliser des films documentaires, faire des expositions de photos et de
En ce qui concerne la réconciliation, l’orateur du jour a noté huit points pour une bonne compréhension de la réconciliation, avant d’en donner cinq obstacles.
« La réconciliation concerne à la fois la victime et le criminel. La réconciliation doit avoir comme résultat principal la cicatrisation et la restauration de la victime mais aussi l’intégration sociale ou communautaire du criminel repentant pour une société harmonieuse post-conflit ; ici, l’importance du P-DDRC. La réconciliation ne signifie pas innocenter le criminel. Il faut, bien au contraire, amener les auteurs du crime à reconnaitre leurs crimes, à les regretter et à réparer dans la mesure du possible ; là on peut parler du criminel repentant qui a droit à un rétablissement social», a martelé M. Karhakubwa.
Quant aux obstacles à la réconciliation qui figurent également parmi les obstacles ou mieux les défis de la justice transitionnelle, cinq point ont été relevés, à savoir : (1) le fait de nier la vérité (ou ne pas rétablir la vérité) ; (2) l’obsession à la vengeance ; (3) une position privilégiée des criminels présumés ; (4) des excuses sans responsabilités ; (5) un état des crimes continu ou conflits encore actifs.
“Le processus de la réconciliation nous appelle notamment à jeter un regard sur le passé triste, non pas pour redevenir triste, mais pour bien réfléchir sur l’avenir à construire”, a noté Karhakubwa.
Enfin, en ce qui concerne la paix et ses piliers pour la RDC, l’orateur du jour a donné le sens de la paix à travers huit points et expliquer dix piliers pour la construction d’une paix durable en RDC se référant à l’ Architecture pour une paix durable en RDC appelée « Théorie de dix piliers » développée dans son livre ( Bienvenu N. Karhakubwa, RDC, construction de la paix et rôle de la MONUSCO, L’Harmattan, Paris, 2021) qu’il a vivement recommandé aux participants de pouvoir lire pour bien cerner la problématique de la paix et la sécurité en RDC.
L’atelier sur la paix, la réconciliation et la justice transitionnelle s’est tenu le 29 octobre à Kinshasa, dans la salle de conférence de la Commission Nationale des Droits de l’Homme (CNDH). Organisé par la CNDH en collaboration avec le Centre Africain de Paix et Gouvernance (CAPG). Cet atelier a réuni les commissaires congolais aux droits de l’Homme et les leaders des organisations congolaises de la société civiles œuvrant sur cette thématique.
« Notre pays a donc besoin de la paix… Un travail s’impose pour une compréhension commune de la paix et la réconciliation voulues, mais aussi la justice transitionnelle pouvant servir notamment de moyen pour y arriver. C’est dans ce cadre que s’inscrivent les travaux du présent atelier d’échanges sur la paix, la réconciliation et la justice transitionnelle en RDC », a noté le Président du CNDH , parlant de l’objectif poursuivi, avant sa déclaration d’ouverture solennelle des travaux de cet atelier.