Une lecture politique de Godefroy Mwanabwato
Semaine du 13 au 20 novembre 2021
Les résultats d’une enquête menée conjointement par plusieurs médias internationaux ont fait des révélations de nature à éclabousser l’ancien président de la RDC ainsi que ses proches dans une affaire bien concoctée d’enrichissement illicite impliquant une banque. Pendant que tous les contours de cette affaire ne sont pas encore totalement cernés, il est important d’essayer de lire les incidences de ces révélations fracassantes sur l’environnement politique du pays déjà délétère en ce moment de reconfiguration et de redistribution des cartes en prélude de 2023.
Tel sera l’objet de mon propos que j’aligne en trois points.
L’invulnérabilité apparente de Kabila remise en question
Si jusqu’ici l’ancien président Kabila a su se créer une coquille solide d’invulnérabilité sur pieds d’un accord avec l’actuel président (qui d’ailleurs a promis de ne pas fouiner dans le passé), les résultats de cette enquête vient de créer une brèche non-négligeable dans la coquille qui protégeait Kabila. Ce dernier et ses proches traîneront désormais derrière-eux les casseroles de leurs dégâts financiers.
2.Un nouvel élément de chantage de Tshisekedi sur Kabila Sur le plan politique, cette vulnérabilité offre à l’actuel président un nouvel élément de chantage qui pourra affaiblir Kabila dans ses rapports des forces avec Tshisekedi. Au regard du principe de l’universalité du droit pénal de certains États occidentaux, Kabila pourra faire l’objet des poursuites pénales déclenchées en dehors de son pays, notamment par des puissances qui voudront bien lui régler des comptes. Tshisekedi qui compte sur le soutien des puissances occidentales, aura du mal à ne pas céder à la demande de ces dernières. Une réplique au front FCC-Lamuka ?
Si la semaine passée, les caciques du FCC-Lamuka ont fait une démonstration de forces et brandi leurs moyens de chantage contre Tshisekedi et l’USN (manifestations contre la CENI et tactiques d’encerclement analysées la semaine passée), les résultats de cette enquête tombent comme une réponse du berger à la bergère. C’est trop beau que ceci tombe en ce moment. L’enquête semble neutre mais il n’y a rien de neutre en politique. Elle vient des médias contrôlés par des lobbies internationaux des puissances visitées par Tshisekedi depuis son investiture. Il faut ajouter le fait que ceci tombe au moment où des révélations du procès Tshebeya tendent vers Kabila qui apparaît chaque fois en filigrane des témoignages des prévenus de ce procès aux connotations extranationales.
Que conclure ?
Sans vouloir être prophète, j’aimerai aligner des faits successifs qui vont guider ma conclusion :
- premier round: Tshisekedi évince les bureaux de l’assemblée nationale et du Sénat que Kabila contrôlait. Il évince aussi l’exécutif en y plaçant un Premier ministre de son obédience avec l’appui de Katumbi, Lukwebo et Bemba qui font leur entrée au gouvernement. Pendant ce temps, une espèce de coup de balai est passé dans l’armée et les services de sécurité que Beya contrôle désormais pendant que Kalev est en cavale.
- deuxième round: Tshisekedi renforce son poids à l’international et ne cesse de faire des yeux doux aux puissances étrangères (dont Israël et les USA) qui ont une certaine main-mise sur les affaires du Congo.
- Troisième round: Tshisekedi réussit à reprendre le contrôle de la Cour constitutionnelle (non-sans difficultés).
- quatrième round: Tshisekedi réussit un forcing à la tête de la CENI malgré les ”aboiements” de la très puissante église catholique. Pendant ce temps, Katumbi grogne mais ne parvient pas à mordre.
- cinquième round:
Après avoir assuré ses alliés sur l’indépendance de la justice (incompétence de la Cour constitutionnelle dans l’affaire Matata), on assiste à une fouille systématique et inédite dans les finances des kabilas à travers Congo Hold-up.
Que reste-t-il à Kabila ?
A mon avis, rien de lourd dans son combat de chantage avec Tshisekedi. Tous les piliers du pouvoir semblent avoir été conquis.
Assistons-nous à la fin définitive du règne de Kabila ?
Congo Hold-Up serait-ce un coup de grâce pour en finir avec un serpent dont on s’est déjà débarrassé de la tête et du venin ?
Telles sont mes hypothèses mais seuls les jours à venir les confirmeront. Une chose est toutefois sûre, après ce coup de force, un boulevard complètement vide s’ouvrira à Tshisekedi d’ici janvier 2022 pour un second mandat à la tête du Congo.
Godefroy Mwanabwato
PNH1/PUR/Notabilitecd