Du mari qui laisse à sa femme une fraude fiscale et des contentieux pour cadeau de séparation, à celui qui organise son insolvabilité afin de ne pas payer de pension alimentaire, deux histoires où l’argent prend toute la place et les femmes en paient les frais. Un récit signé Judith Chetrit
Marie-Cécile, 60 ans et quatre enfants, découvre les tromperies de son mari mais également qu’il est accusé de fraudes fiscales au sein de son entreprise. “Pendant 25 ans, j’étais secrétaire administrative dans l’entreprise de mon mari. En décembre 2018, un après-midi, je reçois un SMS de mon mari me disant : ‘Je pars en prison.'” Marie-Cécile
“J’ai fait un mauvais casting en me mariant avec un voyou.”
“J’ai découvert dans sa sacoche le grand livre des comptes de son entreprise sur lequel il y avait énormément de versement d’argent à deux femmes que je ne connaissais absolument pas. Sur un mois, il y avait peut être 30 000 € versés à ces femmes qui étaient ses maîtresses.” Marie-Cécile
“Je suis tombée des nues parce que je pensais connaître l’homme avec lequel je vivais, celui avec lequel j’avais eu quatre enfants, avec lequel je pensais que j’avais la volonté de fonder une famille solide, et pas une vie de débauche et de chaos.” Marie-Cécile
Seulement, le calvaire de Marie-Cécile ne fait que commencer, puisqu’elle découvre qu’elle est juridiquement solidaire des dettes de son mari, et se doit de rembourser impérativement des sommes exorbitantes. “J’ai un contrat de mariage séparatiste dans lequel il est clairement dit, que chacun est responsable des dettes qu’il génère, que les dettes et les montants excessifs n’entrent pas dans la solidarité. Mais je découvre que le contrat de mariage pour l’administration fiscale ne sert à rien.” Marie-Cécile
“Je n’ai pas de revenu et je dois à ce jour 2 millions, mais la somme évolue en permanence.” Marie-Cécile
“A la limite ma responsabilité est d’avoir fait un mauvais casting quand je me suis mariée : j’ai cru en un homme qui est finalement un véritable voyou. Je l’assume parfaitement. En revanche, je ne peux pas assumer ses fautes à lui.” Marie-Cécile
“Il ne s’est jamais préoccupé de rien…”
Anne, 51 ans et mère de trois enfants, découvre les tromperies de son conjoint, et décide de se séparer du père de ses enfants. Le départ est brutal et Anne se retrouve à devoir subvenir aux besoins de ses trois enfants, alors qu’elle est en congé parental, et que son ex-conjoint n’a aucunement proposé une pension alimentaire. “J’ai entamé une procédure auprès du JAF (Juge aux Affaires Familiales). J’ai fait un dossier, et pris une avocate.” Anne
“Nous n’avons jamais eu de discussion où il me disait qu’il allait subvenir aux besoin de ses enfants. Il ne s’est jamais préoccupé de rien. Ça a été une coupure franche et directe.” Anne
Une procédure est alors enclenchée et Anne demande à percevoir 200 euros par enfant et par mois. Seulement, son ex-conjoint ne paie cette pension qu’un an, puis Anne se rend compte qu’il organise tout pour ne pas payer cette pension demandée tous les mois. “Un jour, on m’a dit qu’on ne me verserait plus de pension alimentaire parce qu’il était au chômage. En fait, il a quitté un poste qu’il exerçait depuis de nombreuses années, et du jour au lendemain, j’ai reçu un papier de la CAF me précisant qu’il ne faisait plus partie de l’entreprise, et qu’il ne pourra donc plus me verser la pension alimentaire. C’est à partir de là, il a commencé à organiser son insolvabilité.” Anne
L’ex-conjoint d’Anne se débrouille pour ne pas afficher de revenus publiquement aux audiences en prétextant qu’il est au chômage. Anne réussit tout de même à récolter des preuves inverses à ce qu’il faisait croire aux juges. “Il connaissait bien les procédures. De mon côté, je faisais des recherches sur Internet, j’ai en moi regroupé toutes ces informations qui prouvaient qu’il travaillait et je les ai transmises à mon avocate pour prouver qu’il avait forcément un revenu. De plus, c’est quelqu’un qui a eu deux autres enfants, donc il avait forcément une rentrée d’argent quelque part.” Anne
“J’ai cumulé deux postes pendant un temps : le premier je me levais à 4h du matin pour distribuer Ouest-France, ensuite je m’occupais de mes enfants, je les amenais à l’école, et ensuite j’allais vers Rennes pour exercer mon métier de téléconseillère, qui se terminait entre 20h30/21h. Ma mère a emménagé tout près de chez moi, pour m’aider avec les enfants, pendant que je travaillais et pour m’aider dans mon combat.” Anne
- Reportage : Judith Chetrit
- Réalisation : Clémence Gross
- Mixage : Marie Lepeintre
Merci à Marie-Cécile Sergent et Anne Mbarga Mboa
Chanson de fin : Fishtail par Lana Del Rey